dimanche 8 novembre 2009

Quand Huis Clos rencontre L'inconnu du Nord-Express


THE BOX

Date de sortie cinéma: 4 novembre 2009
Réalisé par Richard Kelly
Avec Cameron Diaz et James Marsden
Durée: 1h55
Synopsis allociné: "Norma et son époux mènent une vie paisible dans une petite ville des Etats-Unis jusqu'au jour où une mystérieuse boîte est déposée devant leur domicile. Quelques jours plus tard, se présente l'énigmatique Arlington Steward qui leur révèle qu'en appuyant sur le bouton rouge de la boîte, ils recevraient 1 000 000 $, mais cela entraînerait la mort d'un inconnu"

Souvenez-vous, c'était en 2002, Richard Kelly impressionnait avec Donnie Darko, film fantastique délirant (récompensé à Gérardmer) qui s'intéressait au voyage dans le temps... Aujourd'hui, il revient avec The Box, un thriller bizarroïde qui laisse le spectateur dans le doute à sa sortie de salle. Vient-il de voir une merde sans nom ou une petite perle cinématographique? Je vous avoue que pour moi le mystère demeure encore entier.
Si Cameron Diaz exaspère à l'écran (un accent immonde l'enlaidit encore davantage que voulu par le réalisateur), la tentative de Richard Kelly de nous livrer sa vision de l'au-delà est tout à fait convaincante. Le réalisateur commence son film avec un cours sur Sartre et son Huis Clos, et ce n'est probablement pas par hasard. The Box est, comme l'intrigue le suggère, une étude sur l'humanité. Arlington Steward (le fameux "élément" perturbateur qui apporte la "box" dans les foyers) incarne la tentation : prendre la résponsabilité de l'élimination d'un individu contre rémunération. Il transforme ses cobayes en tueurs à gage en conscience. Comme au jardin d'Eden, la femme cède. La torture intérieure du couple commence alors et l'autopersuasion prend vite le dessus jusqu'à une issue des plus funestes. En somme nous avons donc là la rencontre plutot réussie d'un Sartre et d'un Hitchcock.
Là où Richard Kelly a probablement fait sa plus grande erreur, c'est en introduisant une puissance supérieure dans le script. Il n'avait pourtant nul besoin d'user de la transcendance comme prétexte puisque son personnage aurait très bien pu être frappé de folie en même temps que par la foudre (ndlr: Arlington Steward a été défiguré par la foudre) . Arlington Steward ayant été un cadre de la NASA il aurait tout à fait pu mener ses expériences sous le coup d'un délire punitif et les spectateurs auraient alors été ravis d'un final qui ne se mêle pas du divin... Mais Richard Kelly fait d'Arlington une sorte de messager maléfique qui plonge l'humanité dans un purgatoire. Jusqu'à la fin, aucune moralité ne se dégage : Arlington continue inlassablement et chaque foyer entre dans la spirale.
Au risque d'être quelque peu médisant, on pourrait croire que Richard Kelly venait de réviser ses classiques lorsqu'il est passé à la mise en place du scénario. Les références à la Bible, Sartre et Hitchcock s'était déjà très bien, malheureusement le réalisateur ne s'est pas arrêté là (Goethe, Milgram...). Bref, une très bonne idée qui s'avère gaspillée...
A voir pour se faire un avis et si l'on est fan de Richard Kelly, a éviter sinon.
D.D.

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