Illustrer les actions du roi à travers l'art est une vielle tradition de la monarchie française. La peinture, la sculpture, l'architecture ont ainsi pendant longtemps été au service de la propagande royale. Le roi est le lieutenant de Dieu sur terre, il est sacré, c'est pour cette raison que sa figure doit être glorifiée par l'art. Ce n'est qu'à partir du XVIIIème siècle que cette glorification de la figure royale est remise en question. En 1756, Damiens tente de tuer le roi Louis XV , il touche directement le corps du monarque absolu et donc celui de Dieu. Depuis, le roi cesse d'être perçu comme un roi sacré dans les mentalités. Sa figure n'est plus exaltée de façon grandiose et somptueuse. Cette démystification de la figure royale se manifeste sensiblement à travers l'art : il suffit de comparer les représentations de Louis XIV à celles de Louis XV, puis de Louis XVI au musée du Louvre pour en avoir un aperçu.
L'exposition "Alexandre et Louis XIV, Tissages de Gloire" s'inscrit complètement dans cette tradition de la monarchie française. Elle est divisée en deux parties. Le premier étage présente, pour la première fois au public depuis l'Ancien régime, les onze tapisseries de "L'Histoire d'Alexandre le Grand" réalisées par Charles le Brun (1619-1690) pour Louis XIV, à l'intérieur même de la manufacture des Gobelins. Au rez-de-chaussée, on découvre deux pièces de la tenture "L'Histoire du roi" du peintre flamand Adam-Franz Van der Meulen (1632-1690), glorifiant l'action de Louis XIV lors de la guerre menée contre les provinces unies. On peut ainsi apercevoir sur l'une des deux tentures, réalisées à partir de la soie peinte, le roi soleil qui participe lui aussi aux combats, à pied, aux côtés de son armée. Le mécène de l'exposition, Jacques Garcia, propose un décor tout à fait adapté. Des miroirs permettant de mieux appréhender l'étendue des tapisseries et des tentures, les portes du trésor du Garde-meuble royal placées juste avant les deux tentures de "L'Histoire du roi" en forme d'arc de triomphe et plusieurs mobiliers provenant des réserves du Mobilier National. Cette exposition permet donc pleinement de mesurer l'ampleur de la glorification du roi soleil qui se comparait à Alexandre le Grand. Le rôle des artistes dans la propagande royale est souligné par l'oeuvre de Charles le Brun qui s'illustre encore une fois dans l'exaltation de la monarchie française, après le somptueux décor de la galerie de glaces à Versailles.
L.W.
"Alexandre et Louis XIV, Tissages de Gloires", jusqu'au 1er mars 2009, manufacture des Gobelins, 75013, Paris
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