mardi 11 mai 2010

Mettre les voiles


L'annonce du gouvernement sur l'interdiction du voile intégrale ranime une fois encore les tensions droite-gauche. Mais si ces considérations politiques auraient pu être intéressantes, il demeure que ce langoureux débat n'est finalement rien de plus qu'une lutte d'influence entre les hautes sphères du pouvoir. Il n'en reste pas moins que si certains ont pu avancer que cette démarche s'inscrit dans une tentative de "récup" de l'électorat d'extrême droite avec sa nette progression aux régionales, ceux-là ont la mémoire courte. Le voile intégrale pose problème en France et ce depuis quelque temps déjà. Qu'est ce qui contrarie alors ? Quant à savoir si cette interdiction du voile intégrale est en soi juste ou injuste, laissons nos politiques s'écharper sur la question. Ce qui semble un peu plus compliqué est bien le fondement de la prise de position du gouvernement. Clairement il n'est pas question ici de débattre de l'épineux problème de la laïcité. Non, le gouvernement a préféré s'abriter derrière les "bien-pratiques" droits de la femme et même si il faut reconnaitre que sur ce dossier le gouvernement n'avait qu'une marge de manœuvre assez réduite, ce choix n’en demeure pas moins opportuniste et pratique. Opportuniste quand on voit où le débat sur les droits de la femme, en général, nous mène. Pratique, puisque le gouvernement surfe sur le regain d’énergie que le discours des droits de la femme semble regagner. Ce choix est donc, et à maint égards critiquable puisqu’il ne semble avoir été adopté qu’en considération de données circonstancielles. Cela renvoie encore une fois à ce qu’on a pu appeler « le règne de l’impulsivité ». Or est-ce vraiment gouverner sagement que de réagir sous l’émotion du moment ? L’inflation législative semble prouver le contraire, la multiplication des lois ne rendant que plus difficile l’exercice du pouvoir et prouvant ainsi que la loi n’est pas la potion miracle à tous les problèmes français. Et de plus, il faut mesurer l’impact de cette nouvelle loi sur notre société puisque l’interdiction pure et dure n’apporte jamais de solution tout faite et va au contraire attiser des comportements extrêmes. Il s’agit désormais pour les parlementaires de trancher justement un dossier difficile en évitant les pentes savonneuses du type Hebbadg.       

Alexandra Guidicelli

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