Suite à l’arrestation de sa femme au volant alors qu’elle portait un niqab – un masque en tissu couvant la totalité du visage à l’exception des yeux porté par certaines femmes de confession musulmane- ce français d’origine algérienne s’est vu suspecté de fraude à la caisse d’allocations familiales de Nantes. Les raisons de cette enquête viennent de témoignages accusant M. Hebbadj de pratiquer la polygamie. Les femmes visées vivraient dans des pavillons de l’agglomération nantaise peu éloignés de celui du principal intéressé. Cette affaire a eu, au cours de la semaine dernière un fort retentissement dans les médias et le Ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux a même menacé de déchoir M. Hebbadj de la nationalité française.
Ces réactions semblent, malgré tout disproportionnées, la polygamie ne serait prouvée que dans le cas où M. Hebbadj subviendrait aux besoins de ses supposées familles. De plus, la polygamie, n’étant pas prévue par la caisse d’allocation familiale, les femmes impliquées ne devraient toucher que les subventions allouées aux parents isolés. Enfin, le retrait de la nationalité française de M. Hebbadj pourrait être une démarche compliquée. En effet, elle ne peut être retirée à une personne l’ayant acquise que dans le cas de la preuve irréfutable d’activités contre les intérêts de l’Etat français ou de crime commis à l’égard de l’administration. La fraude aux prestations sociales n’est pas un motif suffisant. Le risque encouru par M. Hebbadj est celui d’un retrait du décret de naturalisation le concernant, procédure applicable s’il était prouvé qu’il était déjà marié en 1999 au moment où il a obtenu la nationalité française en se mariant avec une femme française. C’est donc sur ce point que les enquêteurs devront se pencher.
L’ampleur prise par ce débat semble cependant être due à l’actuelle polémique sur la loi interdisant le port du niqab en France. En effet, depuis qu’elle a été annoncée, de nombreuses personnalités se sont exprimées sur celle-ci avant même den connaître les termes précis. Après les nombreux reportages, enquêtes et émissions réalisés par les médias français, ce sujet semble encore plus brûlant. Pourquoi ne pas chercher à étudier le texte de la loi une fois que celui-ci sera effectivement publié ? Dans ce cadre les déclarations politiques ainsi que les informations biaisées auxquels nous avons à faire semblent créer un conflit qui pour l’instant n’a pas réellement de base et a réussi à transformer un simple fait divers en information de premier plan.
Thibaut Bauer Grandjean