mardi 13 avril 2010

"I see green people..."

Cette semaine, un « évènement » a eu droit à des articles particulièrement longs dans nos pages nationales : James Cameron a lancé dimanche une campagne visant à planter un million d’arbres sur la planète d’ici à la fin de l’année. Si vous doutiez encore que le green soit le nouveau filon du cinéma, le fait que cette campagne soit financée par la XXth Century Fox devrait vous fixer.
La verditude des choses… « Avatar » serait un plaidoyer écolo ? Ce n’est pas parce qu’on protège sa terre qu’on protège la nature. Pour ce tarif, et vu la similitude des intrigues, on m’a mis de l’écologie dans mes Corn-flakes lorsque, dans mon innocente enfance, j’ai eu l’ambition flamboyante d’admirer les aventures de Pocahontas (qui protège, avec sa copine l’Arbre, ses terres des méchants blancs qui ne veulent qu’à leurs ressources – comment ça, ca vous rappelle une histoire avec des gens bleus ?) et d’Arielle (quel grand moment de consommation responsable, lorsque ce pauvre Sébastien se trouve nez-à-pince avec ses anciens amis marins ébouillantés tout rouges par un méchant cuistot – manger de la viande émet beaucoup de CO2).
La métamorphose des cloportes – A ce tarif-là, tous les films sont repeints en vert. En effet, ces comparaisons sont à peine exagérées. Désormais, tout documentaire ou photographie montrant de la faune ou de la flore est taxé d’ « écolo », tout film qui fait jouer un rôle quelconque à l’atmosphère, au Soleil ou aux océans est qualifié de « militant ». Pêle-mêle, et sans blaguer, on a vu des journaux plus ou moins sérieux adjectiver comme tels : « Le jour d’après » à cause de la fonte de la banquise, « 2012 » pour son rayonnement solaire excessif, « Soleil vert » pour son atmosphère surchauffée, « Mad Max » pour l’épuisement des ressources et … « 28 jours plus tard » pour le virus issu de manipulations génétiques. C’est pratique l’écologie, on met ce qu’on veut dedans.
Touchez pas au Zombi – Il serait bon de savoir remettre les choses à leur place. Les films de zombies – que l’auteur de ces lignes affectionne particulièrement – ou les dystopies comme « Soleil vert » et « Les fils de l’homme » ne sont pas des plaidoyers écologiques. Le thème central est l’Homme, anticipé dans ses pires dérives. Certes, du coup, les dégradations faites à l’environnement en font partie. Mais elles ne sont qu’une conséquence, et non le sujet central. Pour le reste, et les films à plus gros effets spéciaux, considérez simplement que la destruction de l’homme par la Nature a remplacé dans le Panthéon des craintes populaires celle de l’hiver nucléaire, ce qui le rend à la mode au cinéma. Inutile d’essayer de chercher plus loin des justifications intellectuelles pour se donner bonne (et verte) conscience. 

Lucie L'Hôpital

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